Résumé:
La région du bassin versant de l'Oued Kébir-Rhumel, essentiellement dédiée à l'agriculture, est particulièrement impactée par la problématique de la pollution. Cette situation est exacerbée par la croissance démographique constante,la modernisation de l’agriculture ainsi que par le développement continu du secteur industriel dans la zone. Les écoulements liquides et les déversements solides provenant des foyers, des activités agricoles, des installations industrielles e des stations d'épurations sont directement relâchés dans le lit de l'Oued, lequel traverse la zone d'étude du sud au nord avant de se jeter dans la mer. Ce processus entraîne le transport de diverses formes de substances polluantes.Pour atteindre notre objectif, cette étude a adopté une approche polyvalente intégrant le travail sur le terrain avec des prélèvements d'eau et de sédiments effectués sur huit sites répartis le long de l'oued, de l'amont vers l'aval, tout en étant assistée par une approche analytique.
La première phase de l'étude a consisté en la caractérisation physique et chimique des eaux, ainsi qu'en la quantification de la pollution organique à l'aide de paramètres indicateurs tels que le pH, la conductivité électrique (CE), la demande biochimique en oxygène (DBO5), la demande chimique en oxygène (DCO), les azotes (NH4, NO2, NO3) et les orthophosphates (PO4). La seconde phase de l'investigation visait à évaluer le niveau de contamination du cours d'eau par les éléments traces métalliques (Cd, Pb, Cu et Zn), déterminés à la fois dans la matrice sédimentaire et dans la colonne d'eau.
Dans l’eau, les valeurs moyennes des paramètres examinés dépassent systématiquement les seuils établis par la norme algérienne, à l'exception du pH, de la conductivité électrique (CE) et du nitrate (NO3). Les résultats de l'indice global de pollution (CPI) révèlent que les eaux de l'Oued sont classées de polluées à sérieusement polluées. Les valeurs de l'indice d'eutrophisation (EI) dépassent l'unité (>1), indiquant une situation d'eutrophisation sévère dans la plupart des sites, à l'exception des sites S1(la partie amont d'Ain Smara), S7(à la jonction d'El Kébir-BouSiaba et d'Al Anser) et S8(l'embouchure de l'oued El Kébir).Les concentrations moyennes des teneurs en ETM des sédiments enregistrent l’ordre d’abondance suivant : Zn > Pb > Cu > Cd. Elles sont de l’ordre de : 0.94 µg.g-1 pour le Cd, 78.80µg.g-1pour le Pb, 46.20µg.g-1 pour le Cuet 146.80µg.g-1pour le Zn. L’indice de géoaccumulation "Igeo" et le facteur de contamination "FC" révèlent des contaminations polymétalliques dominées par deux éléments ; Pb et Cd étant les plus préoccupants. L'indice de charge de pollution (PLI) mettait en évidence une pollution significative des sédiments du fleuve. Les valeurs de l'indice de réponse potentielle à la toxicité confirmaient la possibilité d'un risque écologique, en particulier aux sites S1, S2 (l’aval de la décharge publique d'Ain Smara), S4 (proximité du pont d'El Menia), S7 et S5 (l'amont du barrage de Beni Haroun). Cependant, l'indice de risque écologique potentiel suggère un risque écologique potentiel modéré dans tous les sites, englobant l'ensemble des éléments traces, à l'exception du Cd.