" Etude d'impact sur l'environnement de l'exploitation des carrières d’agrégats : cas de Chekfa (Jijel) et du piton d'Akbou (Béjaia) dans le Nord-Est algérien "

Abstract

Les études d'impact sur l'environnement dédiées aux activités minières et d'extraction d'agrégat en Algérie sont bien limitées. Cette thèse s'intéresse à deux sites industriels bien distincts et d'importance régionale. Il s'agit de la carrière d'El M'cif à Chekfa (Nord-est de Jijel), située dans un environnement naturel et préservé du bassin versant du Nil, et les carrières, gravières et sablières du Piton d’Akbou (Sud-Ouest de Béjaia), caractérisées par une multiplicité d'industries extractives dans un environnement anthropisé et faisant partie du bassin versant de la Soummam. Cette étude vise à évaluer donc l'impact environnemental de l'exploitation minière des matériaux non-métalliques en se focalisant sur l'évaluation de la qualité physico-chimique et les concentrations en éléments traces métalliques (Fe, Pb, Zn, Cu et Cd) des eaux de surface, des eaux souterraines, des sédiments d'oueds et des sols environnants. Trois campagnes d'échantillonnage ont été entreprises entre 2019 et 2021. Nous avons utilisé l'indice de pollution pour évaluer le niveau des polluants toxiques, identifier les sources potentielles de contamination en analysant l'environnement socio-économique et en les corrélant aux analyses pétrographiques et géochimiques effectuées sur les roches extraites des carrières. Les résultats des concentrations en éléments traces métalliques dans les eaux prélevées à la carrière de Chekfa révèlent une surélévation des teneurs en zinc, plomb et cadmium dépassant les normes algériennes et celles recommandées par l'Organisation Mondiale de la Santé. Il en est de même pour les concentrations dans les sédiments et les sols prélevés aux abords de la carrière qui montrent que les concentrations de zinc, de plomb, de cuivre et de cadmium excédent largement les valeurs de référence requises. Il en ressort que cette carrière, en activité depuis vingt ans, est sujette à une contamination des eaux, des sédiments et des sols par des métaux lourds et aggravée par les conditions géologiques, climatiques et anthropiques locales. Quant au site du Piton d'Akbou, dont l'exploitation des carrières est à l'arrêt depuis dix ans, les concentrations en ETM dans les Oueds Sahel, Boussellam, Soummam et les eaux souterraines révèlent des teneurs assez élevées de zinc, de plomb et de cadmium dans les eaux de surface et les forages exploités, dépassant les normes précitées. De plus, les analyses des ETM dans les sédiments et les sols montrent des concentrations moyennes de zinc, de cuivre et de cadmium dépassant les valeurs de référence. La vallée de la Soummam est fortement influencée par les activités humaines, résultant d'une superposition de multiples facteurs de pollution anthropique et géogénique. Il est difficile d'identifier chaque source de pollution et d'évaluer l'impact des industries extractives au niveau du piton d'Akbou.