Résumé:
Le massif de Mesloula fait partie des massifs qui marquent l’orographie de cette région
frontalière entre l’Algérie et la Tunisie de l’Atlas saharien oriental. Son contexte géologique
est marqué par une épaisse série sédimentaire subsidente essentiellement mésozoïque plissée
lors de la phase atlasique éocène en une structure anticlinale orientée NE-SW des plus
complexes de cette région. Cet anticlinal est occupé en son « cœur » par les évaporites du
Trias diapiriques montrant toujours des contacts tectoniques avec les formations crétacées. En
plus de la tectonique diapirique verticale, ce massif a également été affecté par un
« charriage » local des formations crétacées. Ces dernières sont détritiques à la base
(Barrémien) et carbonatées néritiques dans leur partie supérieure (Gargasien). Elles
constituent l’encaissant principal des minéralisations de ce massif.
Le gisement polymétallique (Pb-Zn, Cu, Ba) de Mesloula consiste en une vingtaine de sites
minéralisés répartis sur une dizaine de kilomètre et montrant une tendance NE-SW
étroitement liée à celles des roches carbonatées aptiennes, des évaporites triasiques et des
principaux accidents tectoniques affectant le massif.
Les minéralisations présentent des formes variables, en lentilles, amas, filons, dans les
cassures et sont essentiellement plombifères avec accessoirement du cuivre et du zinc. La
paragenèse minérale est simple, elle est à calcite, quartz, barytine, galène, sphalérite, cuivre
gris et leurs minéraux d’altération. La dolomitisation et la silicification sont les altérations
hydrothermales les plus fréquentes. Elles se sont développées à la suite de circulations des
fluides hydrothermaux ayant également induit la mise en place des minéralisations sulfurées
selon un processus polyphasé ponctué par plusieurs épisodes de fracturation.
Les minéralisations du massif de Mesloula se sont mises en place dans des conditions
épithermales à des températures comprises entre 100 et 200 °C à partir de fluides salins
caractérisés par des salinités pouvant aller jusqu’à 23 % équ. NaCl. La succession
paragénétique des principaux minéraux permet de conclure à une mise en place à partir d’un
fluide qui a évolué dans une ambiance « thermo-décroissante ». Les minéraux métalliques
étant tardifs, se seraient formés en fin d’évolution du processus minéralisateur. Cette
évolution par abaissement des températures, également identifiée dans le massif de l’Ouenza,
serait l’un des mécanismes de précipitation des minéralisations.
Les compositions isotopiques du carbone des calcites hydrothermales associées à ces
minéralisations indiquent une origine minérale du carbone. Il proviendrait de la réutilisation
du carbone sédimentaire de l’encaissant aptien de ces minéralisations. Les compositions de
l’oxygène (inférieures à -4 ‰/PDB) indiquent que ces mêmes calcites se sont formées à des
températures relativement élevées (>100 °C). Les isotopes du soufre ont permis de confirmer
le lien génétique entre les sulfates des évaporites triasiques, les minéraux sulfatés (barytine) et
sulfurés (galène, sphalérite, pyrite, cuivre gris…) des minéralisations. La réduction
thermochimique des sulfates triasiques est le mécanisme retenu pour produire le soufre utilisé
dans la genèse de ces minéralisations barytique et sulfurées polymétalliques.