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Tout acte de communication se fait généralement d’une manière explicite. Les éléments constituants l’énoncé transmettent le message tel qu’il est voulu par le locuteur. Mais, le message peut, aussi, être transmis d’une manière implicite, où les éléments de l’énoncé ne suffisent pas pour que le partenaire de l’échange comprenne, directement, le sens complet du message, où existent des informations supplémentaires, véhiculant un sens caché, dénoté, implicite. En effet, le langage humain inclue inévitablement une part de signification laissée à l’interprétation.
C’est dans cette optique que nous avons mené une analyse des contenus implicites dans les discours de Jean-Luc Mélenchon, afin d’en proposer les interprétations possibles. Notre objectif était de répondre ainsi à notre problématique qui s’interrogeait sur l’apport de cette dimension enveloppée du message dans la construction d’une image de "bon orateur" qui s’est créée autour du personnage politique. Autrement dit, il s’agissait de chercher à savoir comment l’implicite a pu servir Mélenchon pour renforcer ses discours et améliorer sa campagne électorale de 2017.
Pour ce faire, nous avons tenté d’abord d’interpréter les messages implicites dans ces discours et d’expliquer, au même temps, son besoin de, parfois, cacher certains propos ou, du moins, ne pas les assumer. C’est ainsi, que nous avons pu relever 86 présupposés et 94 sous-entendus. Ce qui nous a amenées à remarquer qu’il y a une forte présence des formes de l’implicite, avec ses deux types, dans ces discours. À noter que le sous-entendu était le plus dominant.
En effet, pour les spécialistes, l’implicite prend deux formes dans le discours : le présupposé et le sous-entendu. Le présupposé relève de la forme sémantique de l’énoncé. Il a à la fois une fonction informative et économique dans les discours de Mélenchon. Il crée en plus une certaine complicité entre ce candidat et ses auditeurs en invitant, à chaque fois, ces derniers dans l’entreprise de construction du sens.
Le sous-entendu se déduit en se référant au contexte et aux circonstances de production de l’énoncé. Mélenchon recourt à ce type d’implicite pour ne pas assumer sa responsabilité devant son dit. En d’autres termes, pour échapper à la censure. Il est ainsi une stratégie argumentative pour persuader et/ou manipuler l’auditoire.
En effet, le discours politique, comme discours argumentatif, a pour objectif principal l’exercice d’une certaine influence sur les interlocuteurs. D’après notre analyse,Mélenchon recours à des arguments affectifs (pathos) pour séduire son public, ou à des arguments d’ordre éthique (éthos) pour renvoyer une image politique plus forte et plus imposée. Ces arguments étaient la plupart du temps cachés derrière les messages clairement énoncés. L’emploi de l’implicite dans ce cas sera plus pertinent que l’explicite parce qu’il permet au politicien d’argumenter et de convaincre ses auditeurs sans recevoir de jugements et de critiques. En outre, l’argumentation implicite oblige l’auditeur à faire un effort pour déchiffrer le non-dit.
Parler d’argumentation revient à parler de rhétorique. Et, à ce sujet, et concernant les figures de rhétorique que nous avons détectées dans les discours de Mélenchon (la comparaison, la métonymie, la métaphore), entrainent ainsi des messages implicites. Ces figures lui permettent de produire un effet sur les auditeurs et de renforcer ses propos. Ce qui est confirmé par Aristote qui dit que la rhétorique permet au locuteur de persuader ses interlocuteurs ayant une opinion opposée. L’implicite, dans ce cas, permet de s’exprimer dans un style élégant et d’apporter une certains nouveauté aux discours. D’après Quintilien :
« On en fait un triple usage ; lorsqu’il est trop peu sûr de s’exprimer ouvertement ; puis, lorsque les bienséances s’y opposent ; en troisième lieu, seulement en vue d’atteindre à l’élégance, et parce que la nouveauté et la variété charment plus qu’une relation des faits toute directe » (Quintilien, 1978:189, cité par Orecchioni, 1986 :277).
Pour finir, nous pouvons avancer que nous avons pu confirmer nos hypothèses de départ. De plus, il est à noter que les discours de Mélenchon contiennent un nombre considérable d’implicite. Ce dernier devient, dès lors, une stratégie argumentative, persuasive et défensive qui sert à consolider ses discours et agir sur son public. Nous pouvons, donc, dire que l’implicite est, pour Mélenchon, une des stratégies argumentatives et l’un des outils de persuasion les plus efficaces, grâce auxquels il a réussi sa campagne électorale de 2017. |
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