Résumé:
Le massif de Mkhîrriga fait partie des nombreux massifs qui marquent l'orographie de cette région
frontalière algéro-tunîsienne de l'Atlas saharien oriental. Il est caractérisé par une série
sédimentaire essentiellement mésozoïque plissée lors de la phase atlasique éocène en une structure
anticlinale d'orientation NE-SW. Cet anticlinal est occupé en son « cœur » par les évaporites du
Trias diapiriques montrant des contacts tectoniques avec les formations aptiennes. Ces dernières
sont détritiques à la base (Aptien inférieur) et carbonatées néritiques dans leur partie supérieure
(Aptien moyen). Elles constituent l'encaissant principal des minéralisations de ce massif.
Sur la base de la morphologie des corps minéralisés et du contenu minéralogique deux types de
minéralisations sont distingués :des minéralisations filoniennes polymétalliques et fluorées, avec
deux générations de fluorites, encaissées dans les roches carbonatées gargasiennes et des
minéralisations lenticulaires fluorées et ferro-barytiques intercalées au contact Trias-Aptien et
au sein des alternances détritiques de l'Aptien inférieur.
La microthermométrie des inclusions fluides contenues dans les fluorites et la géochimie des
isotopes stables (0,C, S) des minéraux associés aux minéralisations polymétalliques a permis
d'approcher les conditions de mise en place de l'ensemble de ces minéralisations.
Ces minéralisations se seraient mises en place dans des conditions épithermales à des températures
comprises entre 60°C et 240 °C. Les fluorites les plus précoces de première génération associées
aux minéralisations filoniennes se sont mises en place dans les conditions les plus chaudes
(180-240 °C) alors que les fluorites, plus tardives, de deuxième génération des minéralisations
filonierines et celles des minéralisations lenticulaires ferro-barytiques, se sont mises en places
dans des conditions thermiques plus modérées (100-160 °C). Les modalités de mise en place de ces
minéralisations fluorées se sont déroulées à partir d'un seul et même fluide dans une ambiance «
thermo décroissante ».
Les compositions isotopiques du carbone des calcites hydrothermales associées à ces minéralisations
indiquent une origine minérale du carbone. Il proviendrait de la réutilisation du carbone
sédimentaire de l'encaissant aptien de ces minéralisations. Les compositions de l'oxygène
(inférieures à -4 %o/PDB) indiquent que ces mêmes calcites se sont formées à des températures
relativement élevées (>1OO °C). Les isotopes du soufre ont permis de confirmer le lien génétique
entre les sulfates des évaporites triasiques, les minéraux sulfatés (barytine) et sulfurés (galène,
sphalérite, pyrite, cuivre gris...) des minéralisations. La réduction thermo-chimique des sulfates
triasiques est le mécanisme retenu pour produire le soufre utilisé dans la genèse. de:r. ,
lisations barytiques et sulfurées polymétalliques.